Quoi voir en mars sur la scène berlinoise?

Ok. Je pense que je vais faire un infarctus. Beaucoup trop de choses qui se passent artistiquement dans les prochains mois, je sais pas comment je vais faire pour survivre à l’attente. Trouver le temps de l’argent pour tout voir. Ah, oui. J’oubliais. Je fais une diète stricte de salade verte, pousses germées et carottes avec des litres de thé vert sancha. Mais ce sera sans doute les meilleurs moments de théâtre que je n’ai pas vécu depuis longtemps.

Voici ma mini sélection personnelle de ce que pour rien au monde je ne manquerai en ce 3e mois de l’année:

Il faut tout d’abord savoir que c’est le F.I.N.D (Festival Internationale Neue Dramatik) à la Schaubühne. Je ne vous apprends rien en vous disant que j’y dormirai presque. J’ai sélectionné quelques Big names, mais il faut voir les autres spectacles! On se laisse inspirer!

© Juergen Teller

1. Temps // Wajdi Mouawad : Parce que j’aime Wajdi. Et surtout pour voir cette nouvelle création avant les théâtreux québécois, héhé!

2. Goya // Rodrigo Garcia : Parce que je n’ai encore jamais vu le maître argentin à l’oeuvre. Je veux le voir en vrai. Et je n’attends rien de moins que d’être choquée. Un peu de vulgarité et de provocation. Et surtout pour voir Lars Eidinger en solo. Wahou!!!

3. Schukschins Erzählungen // Alvis Hermanis : Parce que je n’avais pas aimé Sound of the Silence. J’avais trouvé ça trop beau. Et j’étais en peine d’amour. Je lui donne une autre chance.

4. Dämonen von Lars Noren // Thomas Ostermeier : Parce que c’est surtitré en français. Et pour pour les 2 Lars.

 

Ensuite, j’irai une fois de plus errer à Radialsystem V, un autre de mes lieux fétiches de la scène. Je suis allée la semaine dernière à l’exposition sur le Bar 25. J’ose dire que ça fait partie de mon top 3 des meilleures soirées berlinoises. Musicalement parlant…

5. Travelogue I – Twenty to eight // Sasha Waltz : Parce que j’aime Sasha Waltz et que c’est à 2 pas de chez-moi.

 

Puis, j’errerai dans le coin de Hallesches Tor pour aller à Hebbel am Ufer. Oui. Oui. Oui. Fait longtemps!!!

6. Berghain Boogie Woogie // Angela Richter : Le titre m’inspire.

7. Herr Dagacar // Rimini Protokoll : Parce que j’ai adoré Mnemopark. Brillant. Humain. Je retrouverai peut-être mes yeux d’enfants.

8. Life and Times –Episode I // Nature Theatre of Oklahoma / N.Y. : Car je les ai manqués au FTA. Et je regrette. Je n’aime pas vivre avec des regrets.

 

Du côté du Berliner Ensemble…

9. Ödipus auf Kolonos // Peter Stein : Est-ce que j’ai besoin de préciser? Ce sera mon premier vrai Peter Stein. Je suis excitée.

10. Der aufhaltsame Aufstieg des Arturo Ui // Heiner Müller : Parce que j’ai étudié ce texte au TNS. Et c’est la dernière mise en scène de Müller. Et je suis à Berlin. Je sais, c’est en avril, mais il ne reste déjà presque plus de billets, alors…

 

Tout ça est bien restrictif. Et complètement subjectif!!!

PINA// tanz, tanz sonst sind wir verloren

Traduction : Danse, danse, autrement nous sommes perdus.

J’ai failli mourir quand j’ai vu le teaser de ce film/documentaire sur Pina Bausch le mois dernier. C’était complet lors de la Berlinale. Mais bon. Comme je suis dans le pays de Pina, le film sortait le 24 février au ciné. Mes impressions.

Tout d’abord, il faut voir le teaser.

Je sais. C’est merveilleux. On a presque mal tellement c’est beau. Les images sont grandioses. Les chorégraphies remplies d’humanité. On se laisse transporter par la musique  de Jun Miyake. Les scènes filmées en extérieur sont franchement impressionnantes et troublantes. Les danseurs, tout simplement virtuoses. Le film en soi vaut la peine d’être vu parce que ce sont les chorégraphies de Pina. Parce que c’est parfait. Parce qu’il faut voir le travail de cette grande femme. Parce que tous les éléments de la nature sont réunis. La beauté brute et cruelle.

«Longtemps, j'ai pensé que le rôle de l'artiste était de secouer le public. Aujourd'hui, je veux lui offrir sur scène ce que le monde, devenu trop dur, ne lui donne plus : des moments d'amour pur.» P. Bausch

Mais l’amour pur, ça n’existe que sur scène.

Je trouve parfaitement louable l’intention de Wim Wenders de réaliser un film en 3D. J’avoue que j’ai été séduite par l’idée : la scène est en 3D, l’Homme est en 3D, la vie est en 3D quoi! Et Pina a toujours travaillé avec la réalité contemporaine. Alors pourquoi ne pas tenter de se rapprocher de la vie avec le 3D? Mais bon. Pour moi, ça n’a pas fonctionné. Même si parfois on à l’impression d’être près des danseurs, on est devant un cadre et non pas devant une scène. Oui, nous sommes spectateurs, mais des spectateurs lointains et non actifs. Je sais que c’est du cinéma. Alors pourquoi vouloir me faire croire que je suis au théâtre? Il me semble que c’est tout le contraire de ce que prône l’esthétique bauschien… Ce sont en fait d’infimes détails qui m’ont agacés. Pas seulement le 3D. Mais les gros plans. Ils sont terribles les gros plans. Les danseurs de Pina qui témoignent en gros plan avec leur voix en hors-champs, c’est gênant. Et comme c’est un hommage à la chorégraphe allemande, il y en a souvent. Je n’est rien contre la répétition, mais ici c’est un peu trop “sentimental”.

J’ai réfléchi aussi sur le fait de filmer ou non la danse. Tout comme le théâtre, c’est un art de l’éphémère qui DOIT appartenir à l’éphémère. Le cinéma ne rendra jamais justice à un spectacle, peu importe qui est le réalisateur. Peu importe le 3D ou toutes les technologies futures. Filmer la danse? Oui pour la mémoire. Oui pour les documents d’archives. Oui pour faire connaître au monde entier les oeuvres de grands artistes qui ne sont pas accessibles de par les contraintes géographiques. Oui pour l’étude et pour l’analyse. Oui pour re-vivre un spectacle autrement. Mais non pour l’émotion. Non pour la vérité. Non pour la communion. Nous sommes devant un écran. Quelque chose nous empêche d’accéder à la magie. Ce n’est pas la vie. Ce n’est pas le même espace. L’espace de la danse est sur scène.

Enfin. Je pense sincèrement qu’il faut voir ce film. Qu’importe s’il n’est pas parfait. C’est un hommage à Pina. Et c’est beau. Rempli de générosité. Et c’est suffisant.

Vous pouvez lire une critique qui exprime assez bien mon opinion. Et aussi vous pouvez trouver un dialogue entre Wim Wenders et Sasha Waltz assez intéressant.  (C’est en allemand, mais bon reverso ça existe hein!)

Québec…

 

Parce qu’il faut bien faire un petit détour dans la vieille capitale!

Mais bon, je ne suis décidemment pas faite pour vivre dans ce gros village aux 1001 touristes… C’est beau Québec! Une fin de semaine. Loin de moi l’idée de ramener sur le tapis l’éternel conflit Montréal/Québec, mais moi je suis une fille de ville. Ou de campagne. Mais pas entre les deux. Soit je peux tout trouver à toute heure du jour ou de la nuit, courir les expos, les shows de musique et manger du théâtre chaque jour de la semaine, soit je fais rien au beau milieu de nulle part en train de méditer avec la nature. Moi, si je suis dans une ville et que je trouve rien à faire d’autre après minuit que d’aller au Dagobert… Bon passons sur le nightlife de Québec, il n’y en a aucun. Des bars sympathiques, oui. Le Sacrilège est un  des rares lieux où il y a de la vie et de la musique qui se peut. Mais bon, je ne suis pas de Québec… je ne connais pas les incontournables! Je recommande chaudement La Cuisine sur St-Vallier. C’est petit, certes, mais le décor est sympa, la bière est pas chère et on peut se sustenter tout en écoutant de la bonne musique ou encore jouer au Yum en regardant la jolie clientèle… On y rencontre parfois même un allemand égaré qui fait ses études à l’Université Laval. Est-ce que la vie m’envoie un message ???

Et comme j’étais avec mes copines, je me permets de me la jouer un peu touriste en cette fin de semaine du Carnaval…

René et moi. Oui. Oui. Oui. J’y crois encore. Il y a de ces fibres patriotiques qui ne s’effacent pas.

Parce que je trouve ça amusant de voir le château Frontenac et le Palais de Glace. C’est beaucoup trop familiale pour moi, mais bon. Vaut mieux en rire… Et c’est quand même joli. Je veux tellement dormir dans un hôtel de glace  une bonne fois! Mais pas à Québec. 

Même le Bonhomme il est content… Et à défaut d’avoir assister à la parade (moi pis les parades avec les 350 000 000 d’enfants et de familles heureuses, ça m’énerve!), nous nous sommes baladées dans les rues enneigées et escarpées du Vieux.

 

La nuit, c’est quand même joli Québec! Et j’aime bien cette photo que j’ai prise spontanément.

Art de rue. Québec City.

Bon je sais, ce n’est pas avec cet album photo que je vais gagner le prix de la meilleure blogueuse, hein! Mais bon, je suis chez-moi! La Rousse dans son habitat naturel préfère passer du temps de qualité avec ses amis plutôt que de se la jouer kid kodak. Ce que je retire de ce cours week-end à Québec, c’est que Allo Stop c’est vraiment extraordinaire. C’était ma première expérience. Parce que dans ma vie d’avant, j’avais une voiture. Sympa Montréal/Québec à discuter et à roupiller sur la banquette arrière, le soleil plein la face…

 

La demeure familiale, à St-Thomas Beach. Un ciel bleu. De la neige blanche plus que blanche. Des animaux sauvages en liberté. Je ne sais pas d’où il sortait lui, mais il devait avoir frette en osti : un beau –36°C sous le soleil…

Et je vais clore cette escapade en sol québécois avec une poutine. Bon. Ce n’est pas la meilleure poutine du Québec, hein. Selon moi, la meilleure EVER se trouve Chez Henri la Patate, mais bon. C’est un autre débat. Celle-ci provient de La Banquise et je n’ai pu résister à une Galvaude avant de repartir au pays de la Wurst et de la choucroute…

Montréal…

 

Pendant votre lecture…

Je sais, 20 jours ça passe tellement vite! J’aurais aimé rayer toute ma liste de "à faire”, mais je suis une mauvaise touriste et l’art de la planification à court terme n’est pas ma plus grande qualité…  Et il y avait du bon comme du moins bon à vouloir faire une surprise… J’aurais voulu voir tout le monde et passer des jours entier avec chacun, j’aurais voulu, j’aurais voulu…

Montréal, ça fait du bien de te voir. Il fait soleil au moins au Québec même si y fait frette! Et je ne voulais que me promener sur le Mont-Royal avec un temps pareil. Beau. Beau. Beau. J’aime la ville.

J’aime les québécois mongols qui font leur jogging en bobettes à -20°C.

J’aime la statue d’Athéna sur le Mont-Royal dans la lumière de l’hiver.

J’aime les igloos.

L’architecture étrange montréalais.

Les ruelles enneigées.

Le Parc Lafontaine et sa minuscule patinoire.

Patiner en essayant de faire de l’attitude.

Faire des jeux de mots douteux parce que la ville est beaucoup trop restrictive.

Mais je l’aime. 

Et je sais que je reviendrai. Peut-être pour de bon. Un jour. Bientôt. Je sais pas. Mais vive la blancheur de l’hiver. La lumière. Mes amis. Ma famille. Je vous aime. Et c’est pas parce que je suis repartie que je vous oublie.

J’aimerais être The Tallest Woman on Earth…

“i'm just a dreamer but i'm hanging on
though i am nothing big to offer
i watch the birds, how they dive in then gone
it's like nothing in this world's ever still

and i'm just a shadow of your thoughts in me
but sun is setting, shadows growing
a long cast figure will turn into night
it's like nothing in this world ever sleeps

oh sometimes the blues is just a passing bird
and why can't that always be
tossing aside from your birches crown
just enough dark to see
how you're the light over me”