“The city is the realization of the ancient dream of humanity, the labyrinth.” –Walter Benjamin
Le moment tant attendu. Un rêve devient réalité. Mettre les pieds à l’intérieur de la Schaubühne. Après avoir vu Hedda Gabler d’Ibsen au Centre National des arts à Ottawa l’an dernier et après avoir vu plusieurs captations des spectacles d’Ostermeier le directeur artistique actuel de la Schaubühne, je me suis dit que les allemands avaient tout compris. Qu’un jour j’allais mettre les pieds dans ce théâtre. Le problème maintenant, c’est que je ne veux plus le quitter. Surtout qu’ils ont des dramaturg à la Schaubühne. Ils réfléchissent à la Schaubühne. De la qualité en quantité. Pour 8 €.
Megalopolis de Constanza Macras est donc mon baptême. Je vous offre un peu de ce chaos. Dans la ville. Là où les frontières entre l’imagination et la réalité ne sont plus.
Un show qui allie danse, performance, musique live, théâtre, projection vidéo… bref où l’image domine, où la scène se transforme en un immense chantier. Je vous épargne le concept deleuzien de la déterritorialisation, mais c’est quand même un peu ça que ça raconte. L’espace de la Ville –une ville anonyme, une ville au sens large- transposée ici sur le plateau questionne le rapport de l’Homme face à cet objet qui est le fruit de sa création. La Ville est-elle le lieu rêvé, l’endroit où chacun peut vivre comme bon lui semble? Comment les identités se construisent à travers tout ce bordel ambiant? Parce que dans toute grande ville, le multiculturalisme est omniprésent. La diversité culturelle est omniprésente. Mais que savons-nous vraiment sur les autres? Que savons-nous de nous-mêmes? Est-ce que notre rapport au monde change lorsque nous sommes confrontés à la Ville?
J’aime qu’un show pose des questions. Interroge mon rapport au monde. Me confronte à la réalité par le biais de la scène. Et c’est ce que fait Megalopolis. Sans retenue. Avec une troublante violence qui percute nos sens. La musique live est toujours un bon moyen pour amorcer l’immersion. Ici, elle est le bruit de fond assourdissant de la ville. Le pouls. Vivante. Les interprètes se jettent corps et âme dans son flux et créent une orgie visuelle et sensorielle enivrante. Entre le rire et son étranglement. De la chair humaine. De l’architecture corporelle et scénique. Des images frappantes d’un enfant de 5 ans avec une arme à la main et le regard frondeur. De la circulation. Des chocs. Et de la rigueur.
Arte a dressé un bref portrait de la chorégraphe Constanza Macras qui en dit un peu plus sur ce spectacle. Que je recommande vivement pour ceux et celles qui veulent se plonger dans le monde contemporain de nos grandes villes. Qui veulent se perdent un peu dans les paradoxes de la Cité. Pour réfléchir. Pour voir le monde autrement qu’avec un regard oblique.
Un show complexe qui doit être vécu. Peut-être que le fait d’être à Berlin ne me rend pas objective. Je sais. C’est ça l’amour.
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