Premier Jérôme Bel de ma vie. En live. Que dire? Je suis charmée. Ce spectacle qui met en scène le danseur Cédric Andrieux est tout simplement beau. D’une beauté simple et sans fard. Un peu de voyeurisme. J’aime.
Photo © Herman Sorgeloos
Cédric Andrieux nous raconte ses 20 ans de carrière. Simplement. Sur scène. Autobiographie dansée. C’est avec une suite de tableaux que le danseur partage un peu de sa vie, de son parcours avec plusieurs chorégraphes de la scène contemporaine (Merce Cunningham principalement). Je sais, ça l’air de rien. Mais cette performance est exécutée avec un humour rempli d’humanité, sans pudeur. Les choses simples ne sont pas forcément simplistes. Des extraits d’exercices appris au sein de la Merce Cunningham Dance Company permettent de cerner un peu plus le chorégraphe qu’était Cunningham. Malgré la singularité de son travail. Et on rit. Pas parce que c’est drôle en soi, mais parce qu’on a vraiment l’impression de comprendre ce que Cédric Andrieux a vécu physiquement quand il nous danse ces extraits. Même si ce n’est qu’une impression, l’impression est bien réelle.
Je ne suis pas danseuse. Et c’est rare que nous ayons la chance d’assister à un témoignage de la sorte sur scène. Je veux dire, bien souvent, on se contente de regarder les danseurs, sans se poser de questions. On est contemplatif. Mais ici, c’est un peu différent. J’ai eu l’impression d’être active. De partager avec Andrieux quelque chose d’intime. D’ouvertement intime. Et d’exécuter mentalement ses pas. Et oui. Comme dirait Céline : “je dedede danse dans ma tête”. Mais pas aussi cheesy, on s’entend.
Un extrait de The show must go on de Bel où Andrieux performe sur l’intégral de Every Breath you take de The Police… que dire? Le rapport scène/salle une fois de plus inversée, so what? Le regardeur qui devient regardé. On a vu ça 3000 fois. Mais Andrieux possède une présence candide qui fait plaisir à voir. Un pur moment de délice. Il faut y être pour apprécier la pureté de la chose! On regarde. On sourit. On est mal à l’aise. On aime ça.
Franchement, au début je n’étais pas certaine. Mais je me suis laissée prendre au jeu. Parce que voir un danseur qui interroge et questionne sa pratique, qui dresse un bilan de sa carrière et qui nous montre ce qu’il a appris ça peut sembler assez emmerdant. Mais non. Pas ici. Pas avec le doigté de Bel. Une douce provocation comme je les aime.
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