Première déception berlinoise : Product of Other Circumstances.
Photo © Luc Fleminckx
Première fois que je mets les pieds au Podewil. Le lieu est résolument contemporain : des murs de béton blancs, un espace immense à aire ouverte. Beau. C’est pas la même chose pour ce spectacle / performance / reality-dance… Xavier LeRoy présente le processus de ses recherches de butô. On s’entend, à la base j’ai choisi ce spectacle JUSTEMENT parce que ça traitait de butô. Ceux qui me connaissent savent ma fascination pour cette danse japonaise! Donc, je suis certaine de mon choix : comment se tromper? Heu… Enfin, entendons-nous, ce que fait Le Roy n’est pas mauvais en soi. Mais c’est vraiment pas mon truc! Le tout commence par une danse de quelques minutes. C’est du butô évidemment. Fine. C’est après que les choses se gâtent. Le Roy termine son solo et annonce qu’il va raconter comment est né ce projet. Il a reçu un courriel de Boris Charmatz (tsé l’autre que je n’ai pas voulu parlé parce que son spectacle ne m’avais rien fait… J’aurais donc dû lire le programme avant. Mais je le lis toujours après. Je ne veux pas avoir de jugement favorable ou défavorable…) qui se rappelle cette phrase que Le Roy lui a déjà dite: « pour devenir un danseur de butô, il suffit de deux heures ». Fine. Et tout cela prendra effectivement deux heures.
Alors on a droit à toute l’histoire. Presque dans les moindres détails. La lecture du courriel. Le premier contact de Le Roy avec le butô, Sankai Juku. Le deuxième contact avec le butô, Kazuo Ohno avec un solo où le danseur japonais de 85 ans parvient à danser une petite fille de 8 ans (R.I.P mon amour, j’aurai eu la chance de voir ton fils danser à Montréal l’an dernier…). Le troisième contact avec le butô où il rencontre deux danseurs à Berlin qui sont capables de faire des pointes, mais sans chaussures (ah! Les japonais, sont forts hein!). Le quatrième contact avec le butô, Min Tanaka dans Kreuzberg. Le cinquième contact… Ok. On comprend le principe. Fine. Mais là, après son énumération sans fin, il nous fait part de ses recherches. Sur Google. En live. Pour vrai. Genre de cours 101 pour apprendre les bases du butô. Je mens pas là. On a droit aux vidéos sur youtube, aux articles sur wikipédia, aux liens internet qui ne fonctionnent plus… WOW. Du grand art. Et ça dure… Et les gens partent.
Et là je me fais cette réflexion : j’ai vraiment l’impression qu’on se paye ma gueule ici. Qu’on me prend pour une conne. Et comme la salle est aussi éclairée que la scène, je lis cette succulente phrase dans le programme : “(…) this product could be qualified as being an amateur’s work.” Ben oui. Tu m’enlèves les mots de la bouche. Je suis en train de regarder quelqu’un qui essaie de faire du butô. Et là une phrase de François Pérusse me vient à l’esprit : “Alcide Barbeau? Ah! ça s’peux tu que… ce soit… un gars… dont je me câlisse?” Exactement. C’est ça qui est ça. Chu mal. Je veux m’en aller. J’ai chaud. J’ai faim. Aidez-moi quelqu’un.
Et c’est ici que débute une grande réflexion sur la vie. Comment ça se fait que j’ai autant aimé le spectacle de Jérôme Bel Cédric Andrieux qui repose à la base un peu sur la même forme : raconter une partie de sa vie? Hum. Je sais pas quoi dire. Peut-être qu’avec Le Roy je sentais une sorte d’arrogance. Peut-être. J’aime pas les gens arrogants. Même si je le suis parfois. Peut-être parce que je n’aime pas assister à des work in progress. J’aime pas ça voir le processus. Et c’est là que je me souviens de ce que Jean Jourdheuil m’a dit : “Le work in progress, c’est ce que j’ai fait en répétition et puis je le montre. Précisément, si je veux faire un chef-d’œuvre, il ne faut pas que je montre ce qui est inachevé.” Et tout ça devient alors parfaitement logique.
Demain je vais tenter d’aller voir un dernier show. Parce que tout est complet. Maudit. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. J’espère que je vais pouvoir. J’espère que ce sera mieux. J’espère.
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