lundi 25 octobre 2010

Point (s) de fuite

Parce que ça m’arrive d’écrire. Des fois. Je joue la “barbouilleuse de parchemin”.  Une tentative de pièce de théâtre que j’ai retravaillée dernièrement. Un teaser. Juste pour voir si vous aimez. Or not.

Point(s) de fuite

*********

Sur une route de campagne déserte, début de soirée d’été. Méli est près de sa voiture, seule. Elle marche de long en large. Se parle à elle-même. Elle frappe de ses pieds à quelques reprises les roues de sa voiture. Une bouteille de scotch à la main déjà passablement entamée, Méli essaie de se calmer et prend quelques gorgées. S’allume une cigarette. Maitrise son agitation.

MÉLI 

Let’s go, Méli! T’es capable! Prends ton courage à deux mains pis fini ce que t’a commencé. Faut en finir. Va donc jusqu’au bout pour une fois! Après, tu vas te sentir mieux. Faut pas que tu laisses ça pourrir dans le coffre plus longtemps! Ça va empester. Passe à autre chose. Pense à autre chose, merde! Allez! Une autre gorgée. Du courage liquide. Pour te rappeler que t’es encore vivante. (Temps.) Fuck! Reviens-en, merde! Tout va bien se passer. Kind of new life, ma grande. Faudrait pas la gâcher celle-là. C’est toi qui l’a choisie. Au complet. Toute seule. Pas facile d’être toute seule. (Temps.) Tu vas prendre une grande inspiration pis tu vas reprendre le volant. Refermer la porte, remettre la maudite bouteille de bushmills dans la caisse de lait pis ravaler. Reprendre tes clefs, les mettre dans le contact et redémarrer. Tuer la vie d’avant pour en recommencer une autre. La rupture, Méli, faut la faire! Ça assez trainé. Roule. Jusqu’au bout de ton chemin.

Temps. Elle met de la musique et chante un moment.

Apparait sur scène Baz. Il marche sur le bord de la route, sac au dos.

Tiens de la compagnie! Un élément inattendu… Intéressant. Sur la route. C’est tout. Tant qu’à y être! Suis-là. Embarque le risque, fais-le s’asseoir du côté passager. Un instant. Juste pour voir.

BAZ

Je marche encore un peu ou je fais du pouce? Ça fait deux heures déjà et c’est la première voiture que je vois… Bah! Il fait beau, l’air est bon, je devrais arriver avant la nuit de toute façon. Heille! Bonne manière de rencontrer des gens, Baz! Franchement! Sors un peu de ton monde, vieux! Tu verras si elle arrête ou pas…

MÉLI 

Bon. Pas de destination, tu penses? Ralentit et observe. Juste être attentive et surtout aux détails. Mais aussi à l’ensemble. Démarche nonchalante. Pas si mal. Pas trop sale. Faut peut-être juste que tu sois pas toute seule, finalement. Parce que t’es pas capable d’être toute seule dans les situations intenses. Parce que t’es une maudite peureuse.

BAZ 

Une fille. Toute seule. Vieille voiture. Elle ralentit il me semble. Vas-y, lève ton pouce. Et souris.

MÉLI

30 secondes. C’est le temps maximum que je t’accorde pour te faire confiance. Même si c’est toi qui devrais pas être là… Décidément, je suis pas capable d’être toute seule, hein? Beau sourire! Souris toi aussi. La première impression. Éteins. Baisse le volume. Cute. Vraiment cute. La vie c’est une folle. Pis toi aussi.

BAZ 

Comme un gentleman. Prends ton temps. Enfin, un peu d’action dans ce bled perdu!

Leurs regards se croisent. Leur sourire aussi.

MÉLI

Tu vas où?

BAZ

Où tu vas?

MÉLI 

Bon ça y’est! Déjà le conflit des questions renvoyées… Par là!

BAZ

Perspicace!

MÉLI

Pour vrai! J’te jure que j’vais par là!

BAZ 

Alors on va dans la même direction…

MÉLI

Tu fais quoi à marcher tout seul en plein milieu de nulle part?

BAZ 

J’attends qu’une charmante extra-terrestre débarque d’un ovni et m’enlève. (Temps.) Qu’elle m’ouvre le ventre, arrache mes entrailles et fasse plein de tests étranges pour étudier le comportement humain. (Temps.) Et pour l’aider à faire ça sans témoin, je comptais poser ma tente dans un endroit désert sur le bord de l’eau et attendre la nuit.

MÉLI

T’aurais pas pu mieux tomber! Camping? Tu en avais un en tête où tu te sens prêt à découvrir un endroit propice à l’enlèvement?

BAZ

Prêt à découvrir.

MÉLI

Tu vas rejoindre des gens?

BAZ

Non, seul. (Sourire.) Je voudrais pas donner trop de fil à retordre à ma Martienne…

MÉLI

Camping Pine, à 15 minutes d’ici. Roulottes remplies de familles bruyantes en vacances. Pas très propice pour les enlèvements… Camping Dune Edge, vers Province, à peu près une heure. Plus calme, mais tu ne peux pas faire de feu. Pas très pratique pour une personne en détresse! Ou encore, Chez Rico, une petite auberge à 75/80 km d’ici. Tu pourrais te faire séquestré, mais pas par une extra-terrestre… Ça dépend de quoi t’as envie. Autrement, on parle d’un bon 2-3h de route…

BAZ

Au lac Blake?

MÉLI

C’est là que tu vas?

BAZ 

J’en ai vaguement entendu parler. Si tu passes par là…

MÉLI

(Elle le scrute du regard.) As-tu un couteau?

BAZ 

J’ai une cuiller pis une fourchette, mais j’ai justement oublié mon couteau! Merde!

MÉLI 

Ha! Ha! Hé, bien assume ce qui peut arriver! C’est toi qui décide, t’as le dernier mot. (Temps. Regarde dans son rétroviseur.) Tiens, une voiture! Décide! Faudrait pas que tu rates ta chance… Tu montes où t’espères trouver mieux?

BAZ

J’ai combien de chance de trouver mieux tu penses?

MÉLI

Aucune.

BAZ

(Sourire.) Tu vas où au juste? C’est sur ton chemin?

MÉLI

Je vais un peu plus loin que le lac. Comme il fait beau, je me disais que monter mon camp et faire un feu serait un bon plan pour ma soirée. Je veux dire, pour réussir un enlèvement…

BAZ

Ok!

MÉLI

Ouais! Mais mon ovni est en panne, ces jours-ci. C’est plus facile en voiture, on se fait moins remarquer.

BAZ

Tu connais bien l’endroit?

MÉLI

Ouep! Assez pour te dire que si tu lèves pas ton pouce pour la voiture qui s’en vient, je suis pas certaine que tu en recroiseras une autre avant des lustres…

BAZ

Je crèche dans le fossé sinon! Je serai plus facile à enlever! Ish! Je viens de rater le plan B on dirait!

MÉLI

Alors bonne soirée dans le fossé!

BAZ

T’as du cran, ma belle! Certaine que tu veux de la compagnie humaine?

MÉLI

Je t’ouvre le coffre! Fais-toi une place!

BAZ 

(Sourire.) Merci! Tu parles de moi ou de mon sac?

MÉLI

Fait pas attention au bordel!

BAZ

Qu’est-ce que tu fais avec une pelle dans le coffre? T’as l’intention de creuser ta tombe?

MÉLI

(Pour elle-même) Non! Pas la mienne! (À Baz.) C’est pour enterrer les cadavres des inconnus que je kidnappe, voyons!

Baz prend place à l’avant de la voiture. Les deux se regardent. Temps.

BAZ

Baz. Je suis la route jusqu’à ce qu’elle mène chez-moi.

MÉLI

Méli. Je reviens de loin et j’ai la ferme intention de pas y retourner!

Ils se serrent la main.

BAZ

Et pourquoi ça?

MÉLI

(Haussant le ton.) Parce que j’ai décidé que c’était fini. Point à la ligne.

Silence.

Et c’est où chez-toi?

BAZ

Pour l’instant, c’est ici.

MÉLI

On va bien s’entendre alors.

BAZ

Ça dépend.

MÉLI

Comment ça?

BAZ

T’es certaine que ça va? Je peux descendre…

Silence.

MÉLI

T’as rien contre la vitesse sur une route déserte j’espère?

BAZ

C’est toi qui conduis, moi je suis le passager clandestin!

MÉLI

Bon. (Un temps.) Tu veux t’asseoir derrière? (Silence.) Je sais, c’est con, mais je me sentirais plus à l’aise j’pense. Parce qu’on ne se connait pas. Je sais pas ce que tu pourrais faire. Ou ce que moi je pourrais faire. (Elle rit nerveusement.) En fait, c’est simplement que d’habitude je roule toute seule. Je sais pas ce qui me prend, d’ailleurs. Besoin de compagnie, probablement. N’empêche, ma bulle de conductrice est plutôt grande. Surtout sur la route, nowhere. J’aime garder le contrôle de mon habitacle avant.

Temps.

BAZ

Comme tu veux.

MÉLI

Mais j’ai pas envie de m’arrêter…

BAZ

Ok. Tu veux que je fasse ça tout de suite?

MÉLI

Ce serait bien. Mais en même temps, tu peux prendre ton temps.

Petit moment d’incrédulité. Quelques sourires. Baz observe Méli. Il s’accoude sur le rebord de la fenêtre. Défait deux boutons de sa chemise. Se tourne vers Méli, puis exécute ses paroles, lentement.

BAZ

Alors si c’est comme ça… Je déboucle ma ceinture. Attention très chère. Je voudrais pas te faire mal. Je vais passer mon bras derrière ton siège, mettre mon pied gauche près de la transmission. Puis, mettre la main droite au plafond et soulever doucement les fesses. Non. Pas une bonne idée. Finalement, je vais mettre ma main droite sur mon siège et soulever les fesses. Et approcher ma tête du toit, tout en prenant soin de pas me placer dans une situation embarrassante. (Temps.) Mais je vais vite me rendre compte que ça aurait été mieux si j’avais baissé le siège pis que je me sois glissé doucement derrière. Parce que là, je crois que je vais avoir toute la misère du monde à me rendre là-bas! C’est pas chose facile d’aller sur le siège arrière d’une voiture en marche sans faire un mouvement qui pourrait gêner. Comme déchirer ma chemise, rester pris entre le frein à mains ou faire des bruits bizarres de quelqu’un qui force et tente de trouver une solution pour pas avoir l’air trop cave, mais en même temps qui veut faire les choses décemment, comme un gentleman. (Temps.) Mais je vais quand même profiter de la situation pour me rapprocher de ton cou. Observer ta nuque le temps d’un respire, sentir ton parfum puis frôler tes cheveux tout en restant attentif pour ne pas te tomber dessus. Et faire semblant que c’est extrêmement facile. Mais comme je suis plutôt agile… Je suis presque arrivé à destination, si tu freines pas brusquement ou exécute une manœuvre malhonnête à cet instant de déséquilibre… Et il fait un dernier mouvement et s’installe confortablement sur la banquette arrière. Aurais-tu préféré que j’enlève mes souliers?

MÉLI

Tu m’impressionnes! Surtout le bout où tu as profité de la situation… Comme si je n’avais pas remarqué que tu avais déboutonné ta chemise…

Silence. Méli regarde Baz dans le rétroviseur.

BAZ

C’est pas très prudent d’embarquer des inconnus, il parait. Même ceux avec pas de couteau!

MÉLI

Justement! C’était une excuse pour mieux te voir.

BAZ

(Se couche sur le dos.) Tu me vois encore?

MÉLI

(Prend un miroir de poche et regarde Baz.) Toujours.

BAZ

Quelle sorte de fille que t’es toi au juste? Tu laisses personne se reposer!

MÉLI

Une fille qui regarde aller le monde dans son miroir…

BAZ

Et qui demande au vagabond qu’elle ramasse sur le bord du chemin de s’asseoir derrière pendant que madame roule à 140 km/h, juste pour mieux le voir?

MÉLI

Il ne faut jamais négliger ses angles morts. (Silence.) Cigarette?

BAZ

Non merci, je fume pas.

MÉLI

(Méli ferme son miroir et s’allume une cigarette.) Scotch? Whisky?

BAZ

Quoi?

MÉLI

Bushmills? Bowmore?

BAZ

Je comprends pas…

MÉLI

Dans la caisse de lait. (Temps.) Tu peux prendre deux verres. Il devrait rester de la glace dans la glacière.

Baz se relève. Fouille dans la caisse de lait. Sort deux bouteilles d’alcool.

BAZ

Voyons! Je rêve! Tu veux m’achever avant de me dépecer?

MÉLI

J’ai du Perrier si tu préfères… mais il parait que l’alcool affaiblit le système nerveux et rend moins sensible à la douleur. Je te conseille de faire comme moi et de choisir le scotch! Tu pourras pas dire que je t’ai pas prévenu!

BAZ

Ha! Ha! Ha! Je te sers un verre?

MÉLI

J’espère!

BAZ

Tu as l’art d’accueillir les gens dans ton monde toi!

MÉLI

Ma bulle est extensible parfois…

Baz sert les deux verres de scotch. Met de la glace dans chacun. Tend un verre à Méli.

BAZ

Merci de me recevoir dans ta taverne mobile!

MÉLI

Je te l’avais dit que t’avais aucune chance de trouver mieux!

Ils trinquent et boivent un coup ensemble.

BAZ

Wow! Ça change l’idée que j’avais des enlèvements…

MÉLI

Attends! Ça fait à peine 10 minutes que t’es là… (Temps.) C’est drôle, je me sens comme dans Thelma et Louise, mais sans Louise…

BAZ

Tu veux dire que je serais un genre de Brad Pitt?

MÉLI

Je disais pas ça pour ça!

BAZ

Ah! Parce que je me sens vraiment comme Brad Pitt… (Sourire.) Mais dans Kalifornia

MÉLI

Ah! Ah! Très drôle!

Ils terminent leurs verres.

BAZ

Je peux nous servir encore? Il est vraiment bon ce scotch…

MÉLI

Te gêne surtout pas! Pour une fois que quelqu’un apprécie mon choix d’alcool! Et les deux bouteilles doivent se vider : c’est non négociable!

BAZ

Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse, hein?

Baz remplit les verres à nouveau. Tend celui à Méli.

BAZ

Aux rencontres de la route!

Ils boivent, cul sec. Baz reverse une fois de plus du scotch dans les verres.

 

A suivre…

dimanche 24 octobre 2010

Fall // Berlin

“A soir on fouille les boules à mites”

Ok. Ceux qui me connaissent savent. Ceux-là, prenez-donc le temps d’écouter Dan au complet. Plus de 10 ans déjà. Et je me souviens de ça aujourd’hui. J’avais besoin d’automne. De feuilles mortes. Et de calme. J’avais besoin de replonger dans mes souvenirs. Faire mon sacro-saint bilan de l’année. Parce que moi je fais ça en automne. Et comme novembre approche, j’angoisse. Et quoi de mieux qu’aller se promener dans la forêt berlinoise? Alors c’est avec mon cahier, un livre et Daniel dans les oreilles que je pars pour Grunewald et Teufelsberg (Montagne du Diable, en allemand. Tsé moi les signes de la vie, je les prends pas à la légère…)

NSA

Ya rien comme sentir la nature mourir. L’odeur de la terre humide. De la décomposition. Et les sentiers. Et la lumière d’octobre.

Chemin d'automne

Ya rien comme marcher dans les feuilles mortes pour penser au passé. J’aime tellement les réactions chimiques. La fermentation. La combustion. La corrosion. Le vieillissement cellulaire. Le temps passe, mes amis. Et je change pas. Enfin, pas vraiment. Toujours aussi intense. Toujours la même maudite tête de cochon. Toujours aussi folle. Je revois ma vie. C’est tout le temps la même maudite affaire. Tous les ans. Mais là, je suis loin faque c’est différent. J’ai pas vraiment le choix de faire mon bilan toute seule. Pis me regarder aller. De réécouter les paroles de la chanson “Deviens-tu c’que t’as voulu?” de Dan Boucher et je me dis que ça sonne pas pareil pentoute dans mes oreilles aujourd’hui. Oh my God! Et là, je freake. Parce que je vieillis. Mal ou bien je le sais pas vraiment. Mais je sais que le temps laisse sa marque. Que je me voyais à telle place à mon âge. Que j’aurais écris 3-4 romans ou pièces de théâtre. Que j’aurais fini ma maitrise. Que je serais amoureuse. Que, que, que…

Pis là, je me rends à l’évidence. Encore une fois, je suis lente. Calvaire! 10 ans plus tard dans les maritimes. Sérieux. J’ai comme eu un coup au coeur. 10 ans plus tard, j’écoute 10 000 matins. J’y suis presque à 10 000 matins. Et ces maudites paroles qui me reviennent dans la tête:

“J'sais pus quel bord aller
J'ai trop voulu chercher, pis courir
Pis attendre avant d'écrire
De peur de barbouiller

(…)

Emberlificotaillé, rien qu'à voir
Que c'pas d'même partout
J'me sens jaloux
Comme un riche malade qui a peur d'la mort
Peureux chez nous
Peureux dans mes trésors
La peur, la jalousie
La peur de rester pris, d'être oublié
La chienne de voir les autres me dépasser”

Bref. Vous avez compris. Comment ça se fait que j’étais intense de même à 17 ans moi ??? Et je repense à moi. Et à mes amis. Mes amis, vous êtes encore tous là. De nouveaux se sont rajoutés. Mais vous autres, mes vieux amis, mes vieux de la vieille, ma gang de malades, vous êtes encore là. Dans ma vie. 10 ans plus tard.  Et je me rends compte que “ya le temps passe, juste en face, de l’autre bord”, comme dirait Vallières. Pis en ce moment, c’est l’automne. Bon. Moi je suis triste l’automne. Des fois. Pas tous les jours. Mais je suis plus sujette à la bipolarité, disons. Et je me dis que l’automne c’est le temps de la récolte. Heu… Je suis censée récolter quoi, moi, cette année? La question est surtout, mais kessé que j’ai semé? Hum. J’ai lancé plein d’affaires dans l’univers. Mais semer… C’est un bien grand mot.

Et pendant ma ballade, je me suis rendue compte qu’il y avait des érables. Que je marchais dans le bois. Que c’était un peu comme le parc des 7 chutes, mais moins les chutes. Pis plus la ville. Avec beaucoup plus d’histoire. Et sans le sirop d’érable. Mais quand même. L’automne. L’odeur reste la même. Partout. Des feuilles mortes, ça reste toujours ben des feuilles mortes. Pis j’ai oublié pendant quelques heures que j’étais loin. Pis que dans le fond, je me sentais comme chez-nous ici.

Feuille d'érable 

J’ai reçu un courriel aujourd’hui –après ma ballade automnale- qui m’a beaucoup fait réfléchir. Qui m’a inspiré ce billet.  Faudrait que je me remette à écrire. Sérieusement. Et de manière sérieuse. Sérieux. Mais chu tellement paresseuse. Et aussi je pense parce que je commence à être heureuse. Dans le fond. J’écris juste quand ça va mal. Faudrait j’en profite là. Je suis sur une lancée.  Pis j’aime tellement ça exagérer…

Berlin Grunewald

Enfin bref. La nuit tombe, y fait frette, je dois rentrer. Mais j’aime tellement les espaces transitionnels. Je pense que je vais faire une thèse là-dessus. Ou comment passer d’un lieu à l’autre. D’un état à un autre. De solide à liquide. Mais le plus fascinant c’est la  sublimation. N’est-ce pas?

Et j’ai une pensée toute particulière pour ma petite soeur. Que je serre très fort dans mes bras. Un immense câlin d’amour. Et une poignée de main de soeur.  Tu me manques. Tu es le jour et moi la nuit. Toi l’ange, moi le démon. La téquila et le citron. On se complète si bien!

 Ovarium et St-Valentin 105_NEW

samedi 23 octobre 2010

Facebook ou ma frustration du samedi matin

Ok. Je suis sur Facebook. J’ai pas 1789 amis. Je fais scrupuleusement attention aux gens que j’accepte. Je supplie mes amis à genoux pour ne pas me taguer la face dans leurs albums. Personne peut me trouver. Mes paramètres de confidentialité sont plus élevés que ceux de la CIA. J’efface au fur et à mesure les choses que je veux pas que le monde sache. Je vérifie à chaque semaine si un nouvel ami s’est pas malencontreusement glissé dans ma liste “select”. Si je constate la moindre faille dans mon système de sécurité exemplaire de protection de ma vie privée, je m’empresse de le corriger sur le champ.

Mais ce que Facebook peut pas empêcher, c’est de nous montrer les commentaires de gens qui ont des amis communs avec nous. Ceux-là qui sont pas capables de paramètrer leur vie ou qui s’exhibent en toute connaissance de cause parce que y’aiment donc ça attirer l’attention sur eux-autres avec une nouvelle photo de profil prise par un photographe réputé, retouchée 45 fois par photoshop pour avoir l’air d’avoir perdu 10 kilos. Ceux-là que tu connais pas. Mais quand t’as un super ami Facebook qui connait la-dite personne et qui décide de lui faire un commentaire sur sa nouvelle photo de profil, je veux pas savoir les commentaires des gens que j’ai CHOISI DE NE PAS CONNAITRE! Surtout un samedi matin.

Ok. Fine. J’aime ben ça espionner la vie des gens des fois. Mais ce sont mes amis Facebook. Donc, des gens que je connais. Et par le fait même, ça ne me dérange pas s’ils espionnent ma vie. Mais les autres, j’aime mieux pas le savoir. Alors pourquoi, POURQUOI Facebook veut que je sache quelque chose que j’ai délibérément choisi de ne PAS savoir? PARCE QUE c’est la faute à l’ami d’un ami d’un ami qui LUI/ELLE n’a pas fait attention à cocher " amis seulement” dans “qui peut voir mes publications”. Et j’utilise ici le mot “ami” au sens facebookien du terme…

TOUT ce que vous publiez sur Facebook est là pour rester. Tout ce que vous dites peut être retenu contre-vous en cours suprême. Tout ce que vous “liker”, tout le monde le sait. Vos commentaires débiles d’insides-jokes avec vos amis, ben tout le monde le voit.

Bon. Je sais. Vous allez me dire: “ben t’as choisi d’être sur Facebook, assume!” Oui. J’assume. J’assume tout ce que je dis. Tout ce que je publie. Tout ce que je like. J’assume même ma face. Ce qui me dépasse, c’est de voir des choses que ça me tente pas de voir dans mes actualités Facebook. Le samedi matin en buvant mon café à Berlin. Et ça, j’ai pas le contrôle là-dessus. Je peux quand même pas choisir les amis des amis de mes amis. La vie est une bitch. Ah oui. Pis dites-moi pas que je peux masquer la personne. J’invente de ce pas une nouvelle citation en écho à Descartes: “T’es pas mon ami Facebook donc je peux pas te masquer.”

C’est la première fois que je chiale ici. Je pourrais faire un libellé “chialage du samedi matin”.

Nah. Je le ferai plus. Promis.

mardi 19 octobre 2010

Othello// Shakespeare // Thomas Ostermeier // Schaubühne

Thomas. Ostermeier. Lui je l’aime. Et aussi l’acteur qui joue le rôle de Iago: Stefen Stern (mon futur époux). En fait, je me demande même pourquoi la pièce s’appelle Othello et pas Iago. Et je ne sais pas non plus pourquoi avant d’avoir vu cette mise en scène, je ne m’étais jamais posé la question. C’est épouvantable. Mais je pense que, dans mon for intérieur, je méprise plus Othello que Iago. Non, mais tsé avoir une confiance aveugle envers son Général plutôt qu’envers sa femme… Anyway. Beaucoup de questions se posent avec ces choix dramaturgiques de Marius von Mayenburg (qui figure aussi sur ma liste potentielle des personnes à épouser).

D’abord: Othello n’est pas africain. Clairement. Pourquoi? On a souvent fait les rapprochements cheesy avec le côté sombre de sa personnalité… Et c’est pas parce que Shakespeare dit que c’est un black que ça doit nécessairement être joué par un black. Merci Marius de pousser plus loin les mots shakespeariens! Au sens métaphorique, c’est extraordinaire. J’ai pas de réponse unique. Mais l’aspect rituel avec la boue qui recouvre le corps d’Othello -dans la magnifique scène d’ouverture- et le jeu d’éclairage avec son visage, projeté sous différents angles sur les écrans, suffisent à apaiser ma soif de comprendre: l’être humain est beaucoup plus complexe qu’on le pense. Qu’importe sa couleur.

Mais pour faire court, Othello aime. Aveuglément. Il fait confiance à Iago. Aveuglément. Othello aime. Point. L’amour rend fou.

Et c’est pourquoi ici Iago devient un personnage encore plus complexe avec ce qu’en fait Ostermeier. Iago est certes le personnage de Shakespeare considéré comme le pire des traites. Mais ici il n’est pas seulement celui qui cherche à se venger simplement parce que Othello a préféré Cassio pour lieutenant. Nah. Iago est un habile manipulateur. Le plus doué des acteurs. Il maitrise l’art du langage comme un Dieu. Et il n’agit pas comme un cave juste parce qu’il est assoiffé de pouvoir. Nah. Je trouve ça un peu réducteur de toujours donner cet unique caractère à Iago. C’est plus que ça. Iago aime. Il aime le mal. La destruction. Le jeu. Et quand on aime, on est prêt à tout. Iago improvise. Fin démiurge, il sait comment arriver à ses fins. Irrésistible séducteur. Ses paroles sont un envoûtement. Au fur et à mesure, il rend fou de jalousie Othello.

Et la jalousie est à la base de cette pièce. La jalousie dans tous les sens du terme. Iago aime. Point. Relation amour/haine avec Othello. Du moins, c’est ce que suggère l’interprétation Ostermeier/von Mayenburg. Et ils n’ont pas complètement tort. Et puis, on est loin de tomber dans les clichés insipides. Nah. Tout est habile. Avec un doigté allemand. C’est terrible. La tension entre Eros et Thanatos. Les fantasmes de l’animalité. A l’état brut. “Les hommes sont des estomacs. Nous sommes leur nourriture. Ils nous dévorent avec appétit. Quand ils ont terminé, ils nous vomissent.” Emilia, Acte IV

Et la scéno… et la musique… et les acteurs… ! Moi, payer 8 € pour voir des affaires de mêmes, je suis prête à jeûner si y faut. C’est une drogue, ce lieu-là. On peut dire qu’ils ont du budget (+/- 15 millions €…) Sérieux. C’est dérangeant. C’est pas juste des projections, c’est un grain de film travaillé. Des musiciens live. Tout est à la fine pointe de la technologie. Et la seule affaire étrange dans cette mise en scène, c’est que j’ai pas vraiment compris l’utilité de l’eau. C’est ben beau. Esthétiquement. On comprend qu’on a ici beaucoup de cash pour investir dans un système d’évacuation ET pour ne pas électrocuter les acteurs, qui ont à la fois les deux pieds dans l’eau et un micro AVEC un fil dans les mains. On aime ça de l’eau sur une scène. On aime ça vivre dangereusement. Mais encore. Quand on éclabousse les gens de la première rangée juste pour la beauté du geste… je sais pas. Marius, Thomas: pourquoi tant d’eau?

Ah oui! En passant les boys, vous faites une ben bonne job avec vous sous-titres en français. Mais “Bienvenu” ça prend un “e” à la fin. Et les noms communs en français n’ont pas de majuscules. Moi je dis ça de même, mais si vous avez besoin d’aide pour la correction… Je suis votre femme. Pour le meilleur et pour le pire.

samedi 16 octobre 2010

Ich spreche kein Deutsch

Mais quand même. Après 2 semaines de cours intensifs, je vous jure, c’est en train de changer ma vie.

Sérieux.

Un peu d’ambiance pour la lecture de ce billet sans photo. Autoroute.

C’est là qu’on se rend compte que savoir compter, c’est ben pratique. Que savoir comment se prononce les mots, c’est assez utile. Surtout dans un pays où on parle pas du tout ta langue maternelle. Et que même si t’essayes de dire des affaires, les gens y comprennent pas. Et souvent le réflexe que j’ai, c’est d’utiliser des mots en espagnol. Je sais pas pourquoi! Mais non. Ils comprennent pas plus. Alors, aux grands maux, les grands remèdes: l’allemand pour les foreigners. Pas facile. Mais 15 jours plus tard, je suis une nouvelle femme!

 

Choses que je peux maintenant faire:

1. M’endormir et/ou fermer les yeux et/ou observer le mâle Alpha allemand dans le S-Bahn ou le U-Bahn sans avoir à regarder constamment mon plan dans ma sacoche avec les stations parce que là je comprends quand le monsieur dit les changements de ligne!

2. Acheter des billets de théâtre même si les gens de la billetterie ne parle pas anglais!

3. Donner des indications aux touristes!

4. Commander la sorte de bière que je veux. Ou du vin. Ou de l’eau pétillante. Et même une bouteille!

5. Demander du feu à quelqu’un!

6. Dire comment je m’appelle, l’âge que j’ai, d’où je viens et ce que je fais dans la vie!

7. Réussir à commander un grand un thé vert pour emporter et comprendre quand la caissière me demande si je veux un couvercle!

8. Me perdre pour de vrai parce que je peux maintenant demander mon chemin!

9. Capter des bribes de conversations quand je me promène dans la rue et/ou quand je vais au théâtre!

10. Compter jusqu’à 20 sans problème! A partir de 21, je dois prendre mon temps, MAIS je comprends et je suis capable de le dire!

11. Donner la monnaie exacte à la caissière sans regarder le prix!

12. M’excuser. Tout le temps. Partout. C’est presque rendu un réflexe!

13. Dire que je ne sais pas. Je sais que ça l’air con, mais pensez au nombre de fois que vous dites “je sais pas” dans une journée… C’est là que je me rends compte que je suis innocente en calvaire!

14. J’ai mis mon facebook en allemand. Pis je suis capable de survivre, faque…

15. Me faire ouvrir ma bière par le gars du dépanneur!

16. Remplir un formulaire de changement d’adresse!

17. Aller à la mairie et ne pas dire un seul mot d’anglais!

18. Envoyer des cartes postales. Donc: demander des timbres, des enveloppes et expédier le tout dans le bon pays!

19. Constater des choses étranges comme qu’il y a parfois du jambon dans le pain…

20. Regarder des films en allemands sous-titrés en anglais, gracieuseté de mon coloc!

 

Bon. C’est assez. On comprend que je peux presque voler de mes propres ailes maintenant. Alors imaginez dans 3 mois! Je vais me rendre au paradis!

C’est pas facile. J’ai mal à la tête souvent avec tous ces mots qui finissent pu de finir… Et comme je suis mes cours dans une école, le prof ne parle qu’allemand. Ou anglais quand c’est vraiment nécessaire. Faque je dois switcher tout le temps d’une langue à l’autre parce que des fois c’est plus facile en français, d’autres fois c’est plus facile en anglais. Thank God que je sache me débrouiller dans la langue de Shakespeare! Et surtout, je deviens folle parce que mes collègues de classes parlent: catalan, turque, italien, japonais, hébreu, espagnol, suédois, arabe et anglais! Sont ben smaths par exemple! C’est juste drôle que, pour se comprendre entre nous, je demande à une collègue New yorkaise qui parle hébreu de demander à un autre collègue qui parle aussi hébreu, mais pas anglais, de me dire ce que veut dire telle phrase en allemand! Euh…

C’est pas mal fou ces cours! Du lundi au vendredi. Montag bis Freitag. J’apprends. Comme un enfant. Un tit bébé. Je répète 300 fois la même maudite phrase avant qu’elle me rentre dans la tête et surtout avant d’être capable de l’écrire comme du monde! Mais c’est plaisant. Je me sens comme une petite fille qui découvre la vie. Et je suis tellement heureuse quand je comprends quelque chose, ça pas de bon sens! D’ailleurs, la fin de semaine passée quand je suis allée au théâtre, j’ai presque failli crier quand j’ai compris: “est-ce que tu seras là demain matin? –Non, je ne serai pas là. Mais je reviens dans 3 jours.” J’ai fait une de ces  faces! Je me suis retournée, un gros smile dans face, comme une épaisse… C’est comme si soudainement, j’étais vraiment dans la salle. Pis que je suivais l’action. Comme si on m’avait parlé. Dieu me parle. En allemand. Pis j’aime ça.

Alors je m’amuse aussi à écouter en boucle l’alphabet…

les chiffres…

 

l’intro de Sesamstraße…

Des choses très éducatives. Bref, y faut ce qui faut! Pis c’est juste le début. C’est ben plaisant! Si jamais, pour une raison qui m’échappe, vous connaissez une comptine allemande, partagez!!!

jeudi 7 octobre 2010

Tu l’sais que t’es loin de chez vous quand…

sur le sac de  café que t’achètes à l’épicerie, les commentaires sont écrits en :

-allemand/autrichien, polonais, tchèque, slovaque, hongrois, serbe, slovène, espagnol et grec.

Moi qui aime tant lire les derrières d’emballage de café, céréales et de  jus quand je déjeune le matin…