samedi 26 février 2011

PINA// tanz, tanz sonst sind wir verloren

Traduction : Danse, danse, autrement nous sommes perdus.

J’ai failli mourir quand j’ai vu le teaser de ce film/documentaire sur Pina Bausch le mois dernier. C’était complet lors de la Berlinale. Mais bon. Comme je suis dans le pays de Pina, le film sortait le 24 février au ciné. Mes impressions.

Tout d’abord, il faut voir le teaser.

Je sais. C’est merveilleux. On a presque mal tellement c’est beau. Les images sont grandioses. Les chorégraphies remplies d’humanité. On se laisse transporter par la musique  de Jun Miyake. Les scènes filmées en extérieur sont franchement impressionnantes et troublantes. Les danseurs, tout simplement virtuoses. Le film en soi vaut la peine d’être vu parce que ce sont les chorégraphies de Pina. Parce que c’est parfait. Parce qu’il faut voir le travail de cette grande femme. Parce que tous les éléments de la nature sont réunis. La beauté brute et cruelle.

«Longtemps, j'ai pensé que le rôle de l'artiste était de secouer le public. Aujourd'hui, je veux lui offrir sur scène ce que le monde, devenu trop dur, ne lui donne plus : des moments d'amour pur.» P. Bausch

Mais l’amour pur, ça n’existe que sur scène.

Je trouve parfaitement louable l’intention de Wim Wenders de réaliser un film en 3D. J’avoue que j’ai été séduite par l’idée : la scène est en 3D, l’Homme est en 3D, la vie est en 3D quoi! Et Pina a toujours travaillé avec la réalité contemporaine. Alors pourquoi ne pas tenter de se rapprocher de la vie avec le 3D? Mais bon. Pour moi, ça n’a pas fonctionné. Même si parfois on à l’impression d’être près des danseurs, on est devant un cadre et non pas devant une scène. Oui, nous sommes spectateurs, mais des spectateurs lointains et non actifs. Je sais que c’est du cinéma. Alors pourquoi vouloir me faire croire que je suis au théâtre? Il me semble que c’est tout le contraire de ce que prône l’esthétique bauschien… Ce sont en fait d’infimes détails qui m’ont agacés. Pas seulement le 3D. Mais les gros plans. Ils sont terribles les gros plans. Les danseurs de Pina qui témoignent en gros plan avec leur voix en hors-champs, c’est gênant. Et comme c’est un hommage à la chorégraphe allemande, il y en a souvent. Je n’est rien contre la répétition, mais ici c’est un peu trop “sentimental”.

J’ai réfléchi aussi sur le fait de filmer ou non la danse. Tout comme le théâtre, c’est un art de l’éphémère qui DOIT appartenir à l’éphémère. Le cinéma ne rendra jamais justice à un spectacle, peu importe qui est le réalisateur. Peu importe le 3D ou toutes les technologies futures. Filmer la danse? Oui pour la mémoire. Oui pour les documents d’archives. Oui pour faire connaître au monde entier les oeuvres de grands artistes qui ne sont pas accessibles de par les contraintes géographiques. Oui pour l’étude et pour l’analyse. Oui pour re-vivre un spectacle autrement. Mais non pour l’émotion. Non pour la vérité. Non pour la communion. Nous sommes devant un écran. Quelque chose nous empêche d’accéder à la magie. Ce n’est pas la vie. Ce n’est pas le même espace. L’espace de la danse est sur scène.

Enfin. Je pense sincèrement qu’il faut voir ce film. Qu’importe s’il n’est pas parfait. C’est un hommage à Pina. Et c’est beau. Rempli de générosité. Et c’est suffisant.

Vous pouvez lire une critique qui exprime assez bien mon opinion. Et aussi vous pouvez trouver un dialogue entre Wim Wenders et Sasha Waltz assez intéressant.  (C’est en allemand, mais bon reverso ça existe hein!)

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