- Bon. Petite citation d’abord.Nur wer die Sehnsucht kenntWeiß, was ich leide!Allein und abgetrenntVon aller Freude,Seh ich ans FirmamentNach jener Seite.
- Ach! der mich liebt und kennt,Ist in der Weite.Es schwindelt mir, es brenntMein Eingeweide.Nur wer die Sehnsucht kenntWeiß, was ich leide!-Goethe
Explication : le mot Sehnsucht est maintenant mon mot préférée dans la langue allemande. Parce que je pense que c’est mon sentiment actuel. Et aussi parce qu’on dirait que les allemands –entendre ici le genre masculin allemand- sont dans cet état d’esprit de façon permanente. Bon. En fait, il s’agit plus ici de mon insatisfaction constante à approcher le mâle allemand qui, au risque de faire cliché, ne se laisse pas facilement aborder. Bon. Il faut dire qu’après 9 mois en sol berlinois, plusieurs tentatives ratées de simplement entamer une conversation avec des jeunes hommes, je commence à douter de mon charme légendaire. Mais qu’est-ce qu’ils ont ces mecs? D’accord, mon allemand n’est pas parfait, mais je me débrouille de mieux en mieux et je suis capable d’être cute en essayant de prononcer des nouveaux mots. Normalement, dans n’importe quel endroit de la terre, le fait d’avoir un accent et d’essayer de parler la langue du pays est un gage de réussite pour quiconque tente de jouer les séducteurs. Pas ici ça l’air.
Je vais au théâtre. Dans des expositions. Je lis au Viktoriapark, sur le bord de l’eau, sur le parvis de Jacob-und-Wilhelm-Grimm-Zentrum. Prends des verres (bière, thé, jus de fruits, Leitung Wasser, vin rouge, vin blanc, sekt, gin tonic…) dans des cafés ou dans des bars avec ou sans amis. Je sors dans des clubs. Ou dans des bars ben relaxes. Fais des piques-niques sur le bord de l’eau ou dans les parcs. Prends mon vélo régulièrement. Marche aussi en suivant mon instinct dans les rues. Va à la piscine. Rien à faire. Rien. Nothing. Nada. Nichts. Avec les allemands. On s’entend.
Donc, d’après mon expérience et exploration personnelles des sentiments, le mot Sehnsucht se définit à peu près comme suit : c’est une sorte de nostalgie, mais une nostalgie de l’avenir. Comme une état d’esprit constant qui se traduit par un mal de l’âme, un vide que l’on souhaite ardemment remplir et combler, mais qui est d’une certaine manière utopique. Désirer quelque chose mais en étant persuadé que ça va être impossible à obtenir. Comme une sorte de regret de ce qui ne se produira probablement jamais, mais envers lequel on ose croire de manière insensée. Attendre passionnément que quelque chose se produise. Et souffrir parce que cette chose ne se réalisera potentiellement jamais. Voilà.
Je trouve que ce mot-là traduit est exactement le mot que je vois dans les yeux de mes chers allemands. Ceux dont je réussis à soutenir le regard plus de 2 secondes. Les rares avec qui j’ai eu des conversations de plus de 15 minutes. Il y a cet espère d’aura qui flotte autour d’eux qui protège leur coeur. Ils gardent une distance. N’expriment jamais d’émotions spontanées. Ils demeurent réservés. Discrets. Posés. Polis. Courtois. Contenu. Pas un geste qui pourrait trahir un trop plein d’affection. Une poignée de mains au lieu de baiser sur la jour. Pas un mot de déplacé. Et impossible de surprendre un rapide regard sur votre décolleté plongeant. Ils se comportent de manière irréprochable. Et si par un quelconque alignement des planètes il se trouve que monsieur est charmé par votre sens de l’humour, votre aisance à faire la conversation et votre beauté d’amazone, il osera peut-être demander votre numéro de téléphone. Et encore. 5 minutes avant son départ. En s’excusant presque d’avoir passé un agréable moment en votre compagnie. Et en demandant si c’est peut-être quelque chose de possible d’obtenir votre numéro de téléphone. Si vous êtes d’accord bien sûr. Oui, oui. Et il s’en va. Et vous voyez une fois de plus dans son regard qu’il doute. De lui. De vous.
Mais je n’y peux rien. Je les aime ces allemands. Je persiste. Heiner Müller le dit mieux que moi. Version original---> Herzstück
1 - Puis-je déposer mon coeur à vos pieds.
2 - Si vous ne salissez pas le plancher.
1 - Mon coeur est propre.
2 - C'est ce que nous verrons.
1 - Je n'arrive pas à le sortir.
2 - Voulez-vous que je vous aide.
1 - Si ça ne vous ennuie pas.
2 - C'est un plaisir pour moi.
Moi non plus je n'arrive pas à le sortir.
1 - pleurniche.
2 - Je m'en vais procéder à l'extraction.
Sinon pourquoi aurais-je un canif.
Il n'y en a pas pour longtemps.
Travailler et ne pas désespérer.
Bon, eh bien le voilà. Mais
C'est une brique. Votre coeur
C'est une brique.
1 - Oui, mais il ne bat que pour vous.
-Heiner Müller, Germania Mort à Berlin
Soeur comme tu t'exprimes bien !!!!
RépondreSupprimerJe comprends tout tout tout comment tu le feel , rien qu'en le lisant ça se vie!
Je t'aime et fais attention à tes derniers jours... dans les films c'est souvent comme ça , un coup de foudre à la fin d'un voyage puis la séparation triste et déchirante ... Déjà que tu es en relation avec Berlin et que vous devez vous séparer...
Courage et fais les 1001 choses qu'y te reste à faire!
Bisous xxxx