Bon. Je suis consciente que j’ai l’air de faire la promotion pour mon pays ces temps-ci. C’est vraiment un pur hasard. Ou de la nostalgie refoulée. Ou peut-être que je suis dans le déni et que dans le fond, Montréal me manque. Je sais pas. Mais bon. Je vais quand même pas faire semblant que je ne connais pas les artistes de chez-nous hein.
Janet Cardiff est une artiste multidisciplinaire. Elle travaille beaucoup avec le son. Les matériaux audio qu’elle utilise nous plonge dans un environnement immersif. Avec Ship O’ Fools, nous sommes invités à monter à bord d’un bateau pour suivre et parcourir cette installation sonore et visuelle. Le concept de base repose sur l’allégorie du vaisseau errant sans capitaine et habité par des passagers dérangés, faisant référence à l’oeuvre littéraire Ship of Fools de Sebastian Brant et à la peinture du même nom de Bosch.
Les objets s’animent. Tous est prétexte à créer du bruit. D’abord lentement puis ça se transforme en véritable cacophonie symphonique. Le tout est orchestré pendant 6 minutes en boucle. Il faut vraiment prendre son temps pour se laisser envahir petit à petit par cet univers où des sons insolites sont créés à partir de rien. C’est d’ailleurs un peu déstabilisant de voir tout cela s’animer et prendre vie devant nos yeux. Et je n’aime pas vraiment les objets qui bougent tout seul. J’avoue que ça me fait peur. Pas une peur incontrôlable, mais quand même. Même si je sais que le tout est réglé au quart de tour et qu’il y a une machinerie derrière tout ça, le fait de voir un violon jouer tout seul ou encore d’entendre la radio qui s’allume seule, c’est un peu déstabilisant. Et je crois aussi que c’est surtout l’assemblage des éléments plus ou moins hétéroclites qui font cet effet-là. Comme si on était dans un laboratoire de torture.
Et sérieusement, ça donne quand même un peu l’impression que le lieu est hanté. Ou habité par des forces surnaturelles. Je me laisse facilement impressionner par la technologie… Et ce qui est intéressant, c’est que chacun des objets possède un son, une position et un éclairage qui lui est propre. Ainsi, chaque objet est complètement indépendant, mais il prend part petit à petit à l’ensemble sans qu’on s’en rende vraiment compte. Harmonie chaotique. Des matériaux aussi divers que des branches, pot de yogourt, cymbales, billes, eau, plantes, conserves, plastique et tout autre chose qui peut faire du bruit et dont je ne peux pas nommer la constitution, peuplent les lieux.
Des figurines complètent le tout, dispersés ça et là. Comme s’ils étaient témoins de cette cacophonie. Ou encore simplement comme s’ils jouaient leur propre scène. Immobiles mais vivants. Une part d’humain dans un monde d’objet. Sérieusement, si j’étais un enfant je pourrais passer 3 heures dans cet espace à essayer de comprendre d’où vient tel ou tel son. Et j’aurais envie de toucher à tout.
Pour la modique somme de 1€, l’installation se poursuit jusqu’au 12 juin en face du Hau 2.
Tous les jours sauf le lundi de 14h à 21h
Hebbel am Ufer (Hau 2)
Hallesches Ufer 32,
Berlin-Kreuzberg 10963
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