mardi 9 novembre 2010

Hamlet// Ostermeier// Schaubühne

Encore une fois. De la pure qualité allemande. J’avais seulement vu des extraits de cette mise en scène (la fin de l’extrait que j’ai choisi est délicieuse, vous verrez). La voir en vraie, c’est comme un rêve.  Devenu réalité. “Sein oder Nichtsein, das ist die Frage”. Il parait que je dois cesser d’aller à la Schaubühne. J’y vais trop souvent. Mais je ne suis pas capable d’arrêter. C’est comme des chips Humpty Dumpty à l’aneth: t’en goûte une pis tu te rends compte que t’as fini le sac. Anyway.

Une version assez contemporaine du fameux texte shakespearien. Enfin. Une mise en scène qui ose montrer une autre vision d’Hamlet. Bon. Je ne suis pas certaine que j’adhère totalement avec la vision du personnage vu par Ostermeier. Et parfois c’est à se demander si le grotesque est tout à fait à propos. Je veux dire: la majeure partie des scènes sont jouées dans un style quasi burlesque et on ne peut s’empêcher de rire devant certaines interprétations du texte. Je sais ben que Shakespeare est un maître du verbe, qu’il laisse le sens ouvert aux multiples interprétations et que les mots peuvent être pris au premier comme au deuxième degré. Mais quand même. Je pense pas que ce soit un humoriste… Cela dit,  on a droit à de la pluie (l’eau doit être un pré-requis dans les mises en scène d’Ostermeier!), de la terre, des ajouts textuels qui font référence au monde contemporain et des improvisations qui frôlent le cabaret… Ce qui n’est pas mal en soi. Et je dois même avouer que le procédé est franchement intéressant. Résolument de notre temps. On est parfois mal à l’aise. Et on aime ça. Mais à un moment donné, on se dit juste que tsé, Hamlet, c’est pas juste un gros cave qui n’a pas les idées claires… Je reste persuadée que la meilleure mise en scène ever, c’est celle de Castellucci -même si je n’ai vu que des extraits et des photos- où Hamlet est interprété par un autiste. Mais bon. Je suis pas objective, Romeo c’est mon âme soeur.

Bref, la scène de la souricière est particulièrement réussie sur tous les plans: le travestissement est on ne peut plus clair! Hamlet campe bien son/ses rôle-s. Le fameux soliloque d’Hamlet est répété 3 fois plutôt qu’une et c’est même avec la phrase la plus célèbre du monde entier que débute la pièce. Et la  finale est parfaite.

Hamlet parle la bouche pleine, se laisse tomber en pleine face dans la terre, fait un combat d’épée avec une cuiller… Au fond, ça change du personnage tourmenté qui se questionne sur : d’où vient le comment du pourquoi.  Les personnages de Gertrude (la mère d’Hamlet) et d’Ophélie sont joués par la même actrice, ce qui est assez évocateur et franchement bien pensé. En fait, la distribution est réduite à 6 acteurs et chacun trouve son alter ego, excepté Hamlet évidemment (Laertes et Rosenkranz  interprétés par le très sex Stefen Stern…).  Je pense que le terme “tragi-trash-comédie” convient bien ici. On ne s’ennuie pas. C’est brillant. Dégoulinant. Une scéno de feu. Des acteurs nés de Dieu. Une trame sonore efficace. Et poussé à l’extrême, le texte pend ici un tout autre sens. Juste, pas juste, je ne le sais pas. Mais à un certain moment, le procédé s’épuise un peu. C’est tout. Mais au fond, quand on va dans les extrêmes, aussi bien ne pas faire de compromis. “Sterben – schlafen”. On en revient toujours à ça.

Et puis, comme le disait Robert Lepage: “on ne fait pas d’Hamlet sans casser d’oeufs”. 

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